Saint-Brice-en-Coglès

Issu d’un village gallo-romain du Coglais, Saint-Brice a une histoire riche en rebondissements, en personnages majeurs et mêle histoire locale et grande Histoire. Partez à la découverte du chef-lieu de canton devenu marquisat…

De l’époque gallo-romaine à la veille de la Révolution française, Saint-Brice s’est progressivement développée pour devenir en 1644 un marquisat.

Le village gallo-romain et la seigneurie

Le village gallo-romain

Saint-Brice-en-Coglès trouve son origine dans un village appelé Puiniac appartenant au pagus (« canton ») gallo-romain du Coglais (mot d’origine celtique qui proviendrait d’une déformation du breton « Gougleiz » qui signifie le nord). Le pagus du Coglais comprenait les paroisses du Châtellier, de Coglès, du Ferré, de Montours, de Parigné, de Poilley-le-Lionnais, de Saint-Brice-en-Coglès, de Saint-Étienne-en-Coglès, de Saint-Germain-en-Coglès, de la Selle-en-Coglès et d’une partie des paroisses de Baillé, de Saint-Marc-le-Blanc, du Tiercent et de Villamée.

La seigneurie de Saint-Brice

L’église Saint-Brice de Puiniac

Le nom même de Saint-Brice apparaît en 1050 sous le nom d’église de Saint-Brice de Puiniac (ecclesia Sancti Bricii de Puiniaco) lors d’un don de terres par un dénommé Estarcher, seigneur du Coglais (ou Coglès), « dans la paroisse de Puiniac, non loin de l’église de Saint-Brice, sur le bord de la rivière de Loisance, au village de la Branche » (D. Huynes, Histoire ms. de Saint-Florent).

L’église Saint-Brice de Puiniac dépendait alors de l’abbaye de Saint-Florent de Saumur, en Anjou, bénéficiaire du don. Celle-ci fonda un prieuré et les missionnaires dédièrent l’église à Saint Brice, évêque de Tours au Vème siècle. En 1138, Hamelin, évêque de Rennes, reconnut à l’abbé de Saint-Florent le droit de présenter la cure de Saint-Brice (Bibliothèque Nationale, Blancs-Manteaux, XLV).

À la fin du XIe siècle, on trouve l’appellation Saint-Brice de Puigné (Sanctus Bricius Pugniacensis).

Les seigneurs de Saint-Brice

La seigneurie de Saint-Brice, dont l’existence remonte au Xème, relevait de la Baronnie de Fougères qui appartenait au duché de Bretagne. Raoul II, baron de Fougères, défendait alors les marches (frontières) de la baronnie contre les Anglais installés à Saint James grâce aux châteaux fortifiés de la Motte et du Rocher Portail. En 1513, Guy de Scépeaux, seigneur de Saint-Brice, vend la seigneurie à Philippe de Montauban, chancelier de la duchesse Anne.

La terre de Saint-Brice passe successivement entre les mains de la famille Volvire, seigneurs de Ruffec (en 1516 – le village prend alors le nom de Sanctus Bricius en Coglais) et de la famille Guérin de La Grasserie, seigneurs de Parigné (en 1674, suite au mariage de Henriette de Volvire).

Châtellenie d’ancienneté, comprenant plusieurs châteaux et manoirs, la seigneurie fût érigée en baronnie par Charles IX en 1566 et en marquisat par Louis XIV en 1644.

Les seigneurs de Saint-Brice possédaient au bourg un auditoire, des prisons, des halles, un cep et des colliers (instruments de torture). En tant que marquis, ils avaient haute et basse justice (affaires graves comme celles entrainant de faibles amendes) et jouissait du privilège que tout ban (décision) publié le soit tant au nom du souverain qu’en son nom. Avant la Révolution, le marquisat s’étendait sur trente paroisses.

Héraldique

Deux blasons représentaient alternativement la seigneurie de Saint-Brice : celui de la famille des Scépeaux, « vairé d’argent et de gueules », et celui datant de 1248, « Palé d’or et de gueules de six pièces ».

Dans la tourmente révolutionnaire

Saint-Brice connaît, comme toute la France, la fièvre révolutionnaire…

La conspiration du Marquis de la Rouërie

En 1774, l’église actuelle fût édifiée.

En 1785, Louise Caroline Guérin de La Grasserie, héritière de la seigneurie de Saint Brice, épouse Armand Charles Tuffin, marquis de La Rouërie, héros de l’indépendance américaine. Avant la fuite du roi à Varennes, il avait organisé une conspiration contre-révolutionnaire, préface de la Chouannerie, qui fût découverte en 1792. Il mourut en janvier 1793 sans avoir pu réaliser ses projets.

Chouannerie et contre-révolution

Avec la réquisition de soldats dans le cadre des guerres révolutionnaires à partir de 1793, la contestation face aux idées révolutionnaires éclata. Une troupe de Chouans commandée par Aimé Picquet du Boisguy s’empare de Saint-Brice le 17 février 1794, chassant le poste de 200 hommes qui l’occupaient. C’est le début de la première Chouannerie dans le pays de Fougères.

La victoire des idées de la Révolution

La paix ne fût rétablie qu’en 1795. À cette date, la population de la commune devint favorable aux changements apportés par la Révolution française, surtout après la fin de la Terreur. La principale fête révolutionnaire était celle célébrant l’anniversaire de l’exécution de Louis XVI, accompagnée d’un serment de haine à la royauté et à l’anarchie. La Révolution fait de Saint-Brice-en-Coglès le chef-lieu de canton du Coglais.

Le 6 mai 1815, François Pilet attaque le cantonnement de Saint-Brice, ce qui marque le point de départ de la chouannerie de 1815.

Armand Tuffin de la Rouerie (1783)

Le temps du granit et du chemin de fer

Au XIXe siècle, Saint-Brice connaît deux évolutions majeures : l’extraction du granit et l’apparition du chemin de fer.

Une population en constante évolution

Pendant tout le 19e siècle, le bourg grandit aux dépens de la campagne ; de 300 habitants en 1770, il passe à 700 habitants en 1860 et 1052 en 1911. Parallèlement à cette évolution démographique, la commune devient un petit centre artisanal et commercial.

Pendant la Restauration (1815-1830), le maire de Saint-Brice, Louis Humbert de Sesmaisons, siège à la Chambre des pairs, récompensant ainsi l’accroissement de la notoriété de Saint-Brice.

Un centre commercial d'une importance cantonale

Un marché hebdomadaire se développe ainsi que quatre foires annuelles, le commerce étant alimenté par les productions locales : œufs, beurre, lard salé, cheptel bovin et ovin. L’artisanat est spécialisé dans le travail du bois : saboteries, bûcherons et scieurs de long.

De plus, les nombreux ruisseaux et les rivières de la commune permettent l’installation de tanneries (celle de Pont Farcy sur le ruisseau de Bouillon, ou celle de la Planche Thomas) et de moulins (moulin du Champ Pinel, le moulin à Tan, le moulin de la Motte et le moulin de la Galesnais) qui donnèrent à la région de Fougères un caractère industriel dans les activités du papier, de la tannerie…

Il y avait également de vastes forêts dont il ne reste aujourd’hui plus que des bois privés faisant partie de grandes propriétés : la Motte, le Rocher Portail… Cependant, les lieux dits de la commune conservent le souvenir de ces forêts : la Forêt, la Ville du Bois, la Hutte, la Forêt Neuve, le Bois d’Orange…

Une richesse naturelle : le granit

Le sous-sol briçois est granitique. Vers 1850 commence l’exploitation du granit à la carrière de la Haussandière. Cette richesse naturelle explique qu’une grande majorité des bâtiments de la commune témoignent d’un appareillage de cette nature, hormis quelques bâtiments en schiste et quelques dépendances construites en pans de bois.

L’aventure du chemin de fer

Le 24 janvier 1872, est inauguré le chemin de fer entre Fougères et Saint-Brice-en-Coglès, et le 11 octobre suivant, celui entre Saint-Brice et le Mont-Saint-Michel. La gare devient alors un centre de grande activité avec l’expédition de granits, du bétail et des autres productions de la région, ainsi que pour le trafic de voyageurs. Les industries comme la laiterie, l’abattoir industriel et les chantiers de granit se sont développées à partir de petites entreprises locales.

Le bourg grandit, aux dépens de la campagne, et se transforme : constructions de maisons en pierres, de la Mairie, des écoles, d’un hospice…

Saint-Brice au XXème siècle

Entre 1914 et aujourd’hui, l’Histoire s’est mêlée à la petite histoire à Saint-Brice !

D’une guerre à l’autre

Pendant la Première Guerre Mondiale, l’hospice civil de Saint-Brice-en-Coglès devient une annexe de l’hôpital complémentaire n°12 de Fougères. 30 lits sont ouverts du 2 août 1914 au 7 février 1917. C’est le Dr Helleu, médecin civil, qui y assure – à titre bénévole – la prise en charge médicale.

Saint-Brice depuis 1945

Dès la fin du XIXème siècle, la commune de Saint-Brice-en-Coglès est touchée par l’exode rural jusqu’en 1914. Ensuite, la situation se stabilise, mais après la seconde guerre mondiale, l’artisanat disparaît et l’exode rural s’accroît.

Néanmoins, peu à peu on assiste à un redressement économique. Des entreprises artisanales encore existantes passent au stade industriel et une entreprise parisienne s’installe (la Société Parisienne de Lingerie – SPLI). Tout ceci contribue à l’expansion économique de la commune et met un terme à l’exode.

Aujourd’hui, Saint Brice-en-Coglès possède sur son territoire une structure commerciale et artisanale forte, quelques entreprises d’importance, et offre donc de nombreux emplois.